DIAGNOSTIC DU TERRITOIRE RURAL ET DE L’AGRICULTURE

Afin de réaliser un état des lieux du territoire rural et de son exploitation agricole, il convient de s’appuyer sur des éléments statistiques. En effet, quelques indicateurs clés mettent en lumière la situation actuelle et tracent les dynamiques tendancielles de la seconde moitié du 20e siècle à nos jours. Ce bilan concerne trois dimensions essentielles de l’agriculture : territoriale, humaine et économique.

 

LE BILAN TERRITORIAL

Un espace agricole vaste. – Les statistiques donnent une vision très précise du territoire agricole. Il représente 28,89 millions d’hectares et forme une mosaïque diversifiée. Les terres arables sont majoritaires (18,44 millions d’hectares) et principalement exploitées en céréales (51,70 %). Les surfaces des exploitations en herbes permanentes (7,53 millions d’hectares), et, dans une moindre mesure, les cultures permanentes (fruitiers, vignes, etc.) complètent le paysage. Ces chiffres reflètent l’importance du territoire agricole français. Néanmoins, ces espaces diminuent chaque année.

 

Un espace menacé. – Sur les cinq dernières décennies, l’espace agricole français a diminué de 20 %, passant de trente-cinq à vingt-huit millions d’hectares. Les pertes se sont opérées de façon quasi irréversible au profit de la ville, du logement et des infrastructures à hauteur de 2,5 millions d’hectares. De manière réversible, 4,5 millions d’hectares sont devenus forestiers. Ce phénomène s’accélère : entre 2006 et 2010, 78 000 hectares ont été urbanisés tous les ans, c’est-à-dire plus de 300 000 hectares en quatre ans, soit l’équivalent de la surface agricole moyenne d’un département. À ce rythme, l’extension urbaine consommerait 11 % de la surface agricole utile (SAU) française d’ici 2050, soit plus de 15 % du potentiel agricole de la ferme France en trois décennies. Il convient de souligner qu’après un pic entre 2006 et 2008, les pertes de terres agricoles retrouvent un niveau plus proche de la tendance historique.

 

La répartition de la propriété. – En 2013, seul un quart des exploitants agricoles de France métropolitaine étaient propriétaires de la totalité de leurs terres. Ce chiffre ne cesse de diminuer. Les terres en faire-valoir direct ne représentent qu’un cinquième environ (21 %) de la surface agricole utilisée (SAU) en métropole. À l’inverse, plus d’un exploitant sur trois est locataire de la totalité des terres exploitées. Ce chiffre est en constante progression. Les exploitants à la fois locataires et propriétaires sont finalement majoritaires (39 %). Ainsi, le fermage est le mode de faire-valoir le plus répandu, couvrant plus des trois quarts de la SAU métropolitaine. Les bailleurs sont des tiers à l’exploitation pour les trois quarts des terres, mais un quart des terres prises en location par des sociétés d’exploitations le sont auprès de leurs associés.

 

LE BILAN HUMAIN

Une chute du nombre d’agriculteurs. – En 1955, l’emploi agricole représentait plus de six millions d’actifs, soit environ un tiers de la population active. En 2014, il restait à peine 900 000 personnes travaillant de manière régulière dans les exploitations agricoles métropolitaines, soit 2,8 % de la population active. La diminution de l’emploi permanent se poursuit désormais à un rythme plus modéré en moyenne annuelle : 1,5 % entre 2010 et 2014, contre 3,1 % entre 2000 et 2010.

Le profil des agriculteurs. – L’agriculteur type n’existe pas, mais de grandes tendances se dégagent :

  • la majorité des agriculteurs sont des chefs d’exploitation, accompagnés dans leur travail par leurs conjoints, des salariés permanents ou saisonniers ;
  • l’âge moyen des chefs d’exploitation était de cinquante et un ans en 2013 (onze ans de plus que l’ensemble des actifs), près de quatre dirigeants actifs sur dix ayant cinquante cinq ans ou plus. Il y a autant de jeunes agriculteurs (moins de quarante ans) que d’agriculteurs proches de la retraite (plus de soixante ans), aux alentours de 20 % pour chaque tranche d’âge. Mais, dans les petites exploitations, la part des exploitants âgés de soixante ans et plus est multipliée par deux ;
  • environ 30 % des actifs permanents agricoles sont des femmes.

 

LE BILAN ECONOMIQUE

La chute du nombre d’exploitations. – En 1955, l’activité agricole se répartissait au sein de 2 300 000 exploitations. Aujourd’hui, il n’en reste qu’environ 450 000.

L’agrandissement des exploitations. – La taille des exploitations n’a cessé de croître, pour s’établir à environ soixante-deux hectares. Alors que les petites fermes représentaient en 1988 presque la moitié des exploitations, elles n’en forment aujourd’hui plus que le tiers.

La montée en puissance des structures sociétaires. – En 1988, la part des structures sociétaires d’exploitation s’établissait à environ 6 % des exploitations. Désormais, plus du tiers (environ 34 %) des exploitations ont recours à ce type d’organisation juridique.

Les principales productions. – Si les exploitations agricoles tendent à se spécialiser, la ferme France maintient une production extrêmement diversifiée. Ainsi, en valeur de production (exprimée en milliards d’euros), les quatre principales filières sont assez proches : vin (12,1), bétail (11,3), lait et produits de l’élevage (10,8) et céréales (10,3).

La forte fluctuation des revenus des agriculteurs. – Le résultat courant avant impôt par actif non salarié était de 25 200 O en 2014 pour les « moyennes et grandes » exploitations agricoles. Depuis le début des années 2000, ce résultat est soumis à de fortes fluctuations sur fond d’instabilité des prix. Les évolutions sont toutefois contrastées selon les orientations. Les disparités de résultats sont également importantes au sein d’une orientation productive donnée, entre régions ou au sein d’une même région.

Le poids des aides. – En 2014, les moyennes et grandes exploitations étaient pratiquement toutes subventionnées (91 %). Les aides représentent en moyenne 34 600 O par exploitation, mais la moitié du montant des aides versées se concentre sur moins du cinquième des exploitations (18 %). Elles représentent en moyenne 82 % du résultat courant avant impôts. Sans subventions, plus de six exploitations sur dix auraient un résultat courant avant impôts négatif, contre 15 % après leur prise en compte. Enfin, le niveau d’aides augmente globalement avec la dimension économique des exploitations.